jeudi 20 mai 2010

Du cancer du foot



On voit sur le terrain plus de pugilats que de gestes techniques. L’arbitre recule devant des joueurs enragés. Les tibias-péronés volent en éclats. Les présidents de club sont indignés tous les week-ends… Est-ce seulement un micro phénomène ? Rien n’est moins sûr.

Ce qu’il y a de pratique avec ce sujet, c’est que personne n’est à épargner. Pas de problème d’objectivité. Tout le monde est responsable de la déchéance du sport le plus populaire du monde. Joueurs, entraîneurs, staff, présidents et arbitres… Tout le monde en aura pour son grade.

Bien sûr, le plus facile est de taper sur les acteurs qui sont sous les feux des projecteurs : les joueurs et les arbitres. Récemment le duo n’a plus rien d’intéressant sportivement parlant. On assiste le plus souvent à un spectacle grotesque voir même dramatique. Les deux parties appartiennent au même sport, mais semblent issues de clans rivaux, comme dans une mauvaise comédie musicale. L’irrespect est la règle. Chaque décision est discutée, jamais acceptée. L’arbitre est automatiquement invectivé par des joueurs la bave aux lèvres quand il siffle une faute aux alentours de la surface. Tout le monde a déjà vu l’homme en noir reculer de dix mètres face à la meute des joueurs plus haineux les uns que les autres. Mais bor*** qu’est-ce qui empêche les arbitres de faire respecter la règle et de filer un carton jaune à chacun de ces animaux ? As-t-on déjà vu un arbitre au rugby ne serait-ce que tolérer un mot plus haut que l’autre d’un avant de 120 kilos ? Non ! Attention, je ne dis pas que les arbitres sont seuls responsables de la situation. Tout le système de l’arbitrage est à revoir. Pourquoi lorsqu’on veut faire respecter les règles c’est seulement par épisode. Souvenez-vous de la session de pénaltys sifflés contre le PSG et le pauvre Mario Yepes : « Messieurs les arbitres, il faut mettre fin au tirage de maillot dans la surface de réparation! ». Aussitôt dit, aussitôt mis au placard. Pas étonnant de voir Lucio et Samuel faire des plaquages en règle sur chaque corner. Personnellement, lorsque je vois Ibrahimovic sortir de la surface avec un maillot déchiré sans aucune sanction, je me dis que j’ai loupé quelque chose dans les règles du foot. Encore plus flagrant, Zigic est tenu par deux joueurs, le maillot déchiré du col au nombril et ce, devant l’arbitre de surface de l’Europaligue !! Rien. Pour terminer, messieurs les arbitres, quand vous faîtes une erreur, par pitié, dites-le ! Quelle est cette maladie qui empêche les gens de se tromper. Et puis faute avouée comme on dit… A moins qu’il y ait autre chose. On le verra plus tard.

Maintenant, sus aux joueurs. Le football est peut-être le sport le plus populaire au monde, mais ce ne sont pas ses acteurs qui forcent le plus le respect. Pensez aux valeureux handballeurs ou aux vaillants rugbymen, ils ont quand même vachement plus la classe ! Une cravate par si, un plaquage haut par là, mais jamais de mec en train de se tortiller de douleur par terre. Fiorèse a lancé le mouvement au début des années 2000, Valbuena a repris le flambeau depuis en passant par Rivaldo et consort. Je ne connais rien de plus exaspérant dans un match qu’un joueur, à qui on vient apparemment de casser les deux jambes, regarder en douce si l’arbitre voit comme il souffre. A part peut-être le joueur qui s’est pris un ballon sur la cuisse et qui simule l’arrachement de son œil.




Evidemment, on peut leur reprocher leur attitude face à l’arbitre et ses décisions. Ce qui est assez affolant, c’est la certitude qu’ils ont de ce qui s’est passé, même lorsqu’ils sont réellement à la faute. Ils peuvent faire preuve d’une mauvaise foi tout à fait déconcertante. Mais là, ça fait partie du jeu, à l’arbitre de ne pas se faire avoir. Cependant l’addition du tout donne un sport raillé, qui a perdu de sa noblesse et de son style. Le ballon rond devient de plus en plus un sport de chiffonnier. On le ressent dans la violence qui s’installe sur le terrain. Les fractures deviennent monnaie courante, Arsenal peut en témoigner. Les joueurs se vengent directement ou se défoule après une mauvaise décision arbitrale. Aujourd’hui tout le monde peut se muer en Roy Keane. Apparemment, on commence à prendre le problème au sérieux. Ribéry est suspendu pour trois matchs, privé de finale de Ligue des Champions pour sa semelle sur Lisandro. Et même si tout le monde aurait préféré voir Franck « le volage » lors de ce match, c’est une bonne décision qui marque les limites à ne pas franchir.




Ce sont peut-être les plus à blâmer, puisqu’ils apportent les problèmes des terrains en dehors. Je veux bien sûr parler des présidents ou les membres du staff. Première phase, pendant le match, sur le banc, il y a toujours une personne pour gueuler, râler ou insulter. Un entraîneur, un adjoint, un remplaçant, c’en devient écœurant d’écouter ce qui peut se dire. Aucune retenue, aucune éducation ?! C’est littéralement à vomir. Et comment imaginer que des personnes puissent en arriver à de tels excès. C’est bien la preuve que le foot ne s’appartient plus, que la vérité du terrain est devenue trash, une vérité très éloignée pour les nostalgiques d’un temps où les joueurs restaient plus de deux ans dans le même club.

Deuxième phase, le couloir, ce fameux couloir où la caméra n’est pas toujours là pour témoigner des débordements des hommes en costume cravate dont la vie et la mort sont dans les mains des actionnaires. Les résultats, les conséquences économiques, l’argent, l’argent… Les présidents s’époumonent à rendre les arbitres responsables des mauvais résultats de leur équipe. Ils parlent parfois d’attentats, d’argent perdu à cause d’un hors-jeu qui n’y était pas… Peut-être est-ce pour ça qu’un arbitre ne peut avouer sa faute, sous peine de poursuites judiciaires ! Ah Aulas et son fameux « coup de sifflet qui fait perdre 20 millions d’euros »… Quand on voit le temps qu’Aulas passe aux tribunaux, on se dit qu’il n’y aura bientôt plus aucune limite à la fureur des comptables des clubs. Pas étonnant que Lyon n’arrive pas à avoir la cote de popularité de l’OM ou du PSG, quand toute son histoire est basée sur des jérémiades et des plaintes à n’en plus finir.

Le foot n’est pas mauvais en soit, il est le reflet de tous les excès de la société actuelle. Problème économique, violence économique (thème cher à Daniel Riolo), violence tout court… Retournons le problème, et profitons du foot pour projeter une image positive à tous les spectateurs. Que le foot déclenche le cercle vertueux…

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